Doyen des lettristes Wolman a 24 ans [Internationale lettriste, septembre 1953] Documents relatifs à la fondation de l’Internationale situationniste. 1948-1957
Édition établie par Gérard Berréby. Éditions Allia, Paris, septembre 1985GIL J WOLMAN, né à Paris le 7 septembre 1929 est successivement, en toute hâte : journaliste à Combat, membre des Jeunesses Communistes, capitaine sur la « Rose Bayadère », tricoteur, chasseur d’Afrique dans l’Allemagne occupée, poète au C.N.E., trafiquant dans la casbah d’Alger, routier dans les environs du Cap Nord à Pompeï.
En 1950, sa rencontre avec Isidore Isou qui a publié, en 1947, « Introduction à une nouvelle poésie et à une nouvelle musique » détermine le mouvement lettriste : récitals du Tabou ; Maison des Lettres ; passage à l’action directe (scandale de l’orphelinat d’Auteuil).
Wolman crée la mégapneumie, poésie fondée sur une désintégration sonore de la lettre, et en lance le manifeste dans la revue Ur en décembre 1950, sous le titre « Introduction à Wolman » : « Le dépassement de soi (fumisterie) germe toutes les créations ».
Il travaille avec Brau à l’essai sur un Art Intégral « Pour une mort synthétique ».
Auteur d’une partie de la musique lettriste du film d’Isou « Traité de Bave et d’Éternité », Wolman au Festival de Cannes d’avril 1951 multiplie les interruptions en faveur d’Isou.
Il achève en septembre 1951 « L’Anticoncept » dont la projection au Ciné-Club d’Avant-Garde entraîne des incidents entre le service d’ordre lettriste et des spectateurs réactionnaires, puis l’interdiction par la censure.
En mars 1952 paraît le « Cinématochrone, nouvelle amplitude », où Wolman explique son film.
En avril 1952, il participe au sabotage systématique du Ve Festival de Cannes qui se poursuit sous la protection de la police après l’arrestation de onze lettristes.
En mai et juin 1952, Gil J Wolman et Guy-Ernest Debord sont en Belgique, et fondent l’Internationale Lettriste.
Le 30 juin à Paris, une foule indignée interrompt le film de G.-E. Debord « Hurlements en faveur de Sade », qui est dédié à Gil J Wolman.
Le 29 octobre 1952, Wolman et Brau sont les seuls de nous qui parviennent à forcer les barrages de police disposés autour du Ritz, pour lancer sur Charles Chaplin des tracts insultants (« Finis les pieds plats », « Go home Chaplin »). Les répercussions diverses de l’« Affaire Chaplin », et la prise de position esthétique et morale qu’elle implique, oppose les signataires des tracts de l’Internationale Lettriste et la fraction arriérée du mouvement.
Wolman rédige, le 2 novembre 1952, avec G.-E. Debord, « Position de l’Internationale Lettriste », qui entraîne trois jours plus tard l’exclusion d’Isou.
Parallèlement aux recherches plastiques de Brau, Wolman parvient à une nouvelle peinture, dont une toile intitulée « Hhhhhh » est reproduite en décembre 1952 dans le premier numéro de « Internationale Lettriste ».
En janvier 1953, Wolman appuie le projet présenté par Debord, d’une attaque de la maison de correction pour filles de Chevilly-Larue ; projet qui est finalement rejeté.
En février, il soulève ce problème urgent dans « Liberté Provisoire » : « Les filles de ton âge sont marquées par la jeunesse ».
À Saint-Germain-des-Prés, la jeunesse, vouée au confort-des-derniers-soirs-avant-le-suicide, se boit à la petite semaine.
Mais Wolman et Brau parcourent l’Algérie qui est plus proche de la révolte. L’Internationale Lettriste y trouve des partisans courageux.
En mai 1953, Gil J Wolman rentre à Paris et collabore en juin à l’« Acte Additionnel à la Constitution d’une Internationale Lettriste ».
Il termine actuellement deux nouveaux films, « Oraison Funèbre » et « Faut m’avoir ce mec ».
Une nouvelle critique devra nous prendre comme unique sujet. Elle s’imposera par ce choix, contre la génération vieillissante des critiques en place qui vont mourir enfermées dans leurs anciennes hiérarchies de valeurs.
Beaucoup de mythes et de pouvoir d’une époque inédite que nous ouvrons sont signifiés dans l’œuvre de Wolman dont nous sommes quelques-uns à mesurer les prestiges futurs : « les personnages de cette œuvre sont réels, certains existent, les autres ne sauraient tarder ».