Jean-Pierre Baudet et Jean-François Martos
L’Encyclopédie des PuissancesCirculaire publique
relative à quelques nuisances théoriques
vérifiées par les grèves de l’hiver 1986-1987Le fin mot de l’Histoire, Paris, décembre 1987 ù « Il ne suffit pas d’avoir été le contemporain des événements qu’on raconte ou d’en être bien informé. (…) Pour bien connaître les faits et les voir à leur vraie place, il faut être placé au sommet — non les regarder d’en bas, par le trou de serrure de la moralité ou de quelque autre sagesse. »
(HEGEL, La Raison dans l’Histoire.)
« Tous les mystères qui poussent la théorie au mysticisme trouvent leur solution rationnelle dans la pratique humaine et dans l’intelligence de cette pratique. »
(MARX, Thèses sur Feuerbach.)
ù LE LECTEUR trouvera dans les pages qui suivent un recueil de citations qui ne sont désordonnées qu’en apparence. Plus en profondeur, il se dégage d’elles une remarquable régularité qui, à elle seule, justifie amplement d’être signalée à l’attention d’un plus large public.
À partir d’un même événement — il s’agit de l’occupation sauvage de la Sorbonne, le 5 décembre 1986 —, qui repose au centre de cet étonnant pot-pourri, et dont le jugement historique restait évidemment à la discrétion de chacun, en fonction des ressources intellectuelles momentanément disponibles, ce ne furent en effet que quolibets et mépris hargneux de la part des commentateurs radicaux ; et appréciations stratégiques plus lucides du côté du pouvoir seulement. On a beau espérer peu de certains, on obtient toujours moins.
Voici donc une histoire digne de l’époque actuelle : pas une seule qualité ne se trouve là où la naïveté irait la supposer. Dans ces bacchanales de l’inversion où aucun texte ne reste sobre, les efforts de style nuancé et prudent dissimulent mal ce qui n’est, finalement, qu’une prétentieuse imposture. Laissons-lui la parole : elle l’a bien mérité.
ù LA « RADICALITÉ » :
« On vit se cristalliser une faible tendance à occuper la Sorbonne (toujours fermée !). Une vingtaine de personnes en forcèrent les portes vers dix-neuf heures, pour inviter les quelques centaines qui demeuraient aux alentours à tenir une assemblée à l’intérieur. Cette répétition laborieuse d’une scène connue, ainsi que “l’appel à la population” qui en résulta et qui prônait abstraitement l’extension du mouvement avait le sérieux de ces quelques cent ou deux cents participants dont la plus grande partie, peut-être consciente du côté artificiel de leur acte, se dispersa avant même d’avoir décidé quoi que ce soit de concret, et surtout pas une occupation permanente des lieux, ce qui était une manière d’infirmer un tel appel, qui a peu de sens quand l’assemblée dont il émane n’est pas là pour recevoir ceux qui y ont répondu. (…) À partir de minuit, quelques maniaques de l’émeute, pris à leur tour par la compulsion de répétition (qui, la veille, en avait porté d’autres à essayer d’occuper la Sorbonne et à faire un appel “historique” à la population pour étendre le mouvement), s’évertuèrent à enflammer quelques voitures et quelques barricades improvisées à partir de baraques de chantier. Tout se réduisit à un étrange simulacre d’émeute, où quelques vitrines furent endommagées et très peu de magasins pillés (deux ou trois peut-être). Sur l’instant, la fausseté de ces actions sautait aux yeux : la plus grande part de ceux qui occupaient les rues ne cherchaient pas ce genre de résultat et s’y opposaient mollement. »
Décembre 86 (Bulletin n° 3 de Les mauvais jours finiront, février 1987).
« Le critère qui décide de la pertinence d’une occupation est, à mes yeux, de nature essentiellement pratique : il dépend des intentions qui président à l’action, de la réponse qu’elle suscite immédiatement et du contexte général. De fait, au lendemain du 4 décembre, pour qui avait suivi, depuis plus de huit jours et dans la rue, le développement des événements, il était évident que seules les assemblées souveraines de ce mouvement encore étudiant et lycéen pouvaient appeler efficacement à l’élargissement : sinon, on donnait l’impression négative de vouloir lui forcer la main. Qui n’a pas compris cela à ce moment a simplement fait preuve d’une déficience de sens historique. (…) Ce soir-là, tout dans l’atmosphère de “l’occupation” de la Sorbonne sonnait faux, et pas du point de vue des journalistes. Dès le début de cette action il apparaissait qu’elle ne durerait pas plus de quelques heures. (…) Je ne dis même pas que les scènes dérisoires de la Sorbonne le 5 décembre et du simulacre d’émeute le 6 décembre aient beaucoup nui au mouvement : elles ont été de bout en bout inutiles, et l’erreur est précisément de les glorifier. »
L’auteur de Décembre 86 (lettre du 6 mars 1987).
« Sans doute ceux qui, dans ce mouvement, ont voulu mécaniquement refaire 68 ne pouvaient guère, par des actes sans aucun rapport avec la situation réelle, servir la recherche d’un dépassement. »
Encyclopédie des Nuisances n° 10, février 1987, p. III.
« Les exemples ne manquent pas, dans l’histoire révolutionnaire, de telles répétitions, et quant à déterminer si, au-delà du fait qu’elles n’avaient “rien de foncièrement mauvais”, elles ont eu en outre quelque chose de bon, je pense que ce sont leurs conséquences dans l’histoire réelle qui le montrent et rien d’autre. De ce point de vue là, l’absence de conséquences de cette occupation de la Sorbonne peut certes la protéger contre le blâme, mais c’est tout. La bonne volonté et la sincérité des participants ne sont pas en cause : après tout, il vaut mieux tenter ce que l’on aperçoit comme possibilité, si l’on n’en voit pas d’autre, plutôt que de ne rien faire. Mais cela n’empêche jamais de considérer lucidement, avec le recul, ce qu’une telle tentative avait, disons, de volontariste, et combien elle se trouvait en porte-à-faux par rapport à un mouvement certes moins avancé par bien des aspects, mais qui néanmoins avançait par lui-même, à son propre rythme. »
Jaime Semprun (lettre du 2 mars 1987).
LA COMMISSION D’ENQUÊTE PARLEMENTAIRE :
Le 4 décembre 1986, à 22 h 48 :
« À hauteur de votre barrage que vous allez placer Auguste Comte, vous demanderez aux TI de prendre contact avec les manifestants qui ont l’air pour l’instant d’être paisibles, de manière à les inviter à se disperser en leur expliquant que, compte tenu des incidents, il n’est pas question de revenir en cortège sur le quartier latin. »
Le même soir, à 22 h 56 :
« Ces gens-là sont tous engagés rue de Rennes, ils nous proposent de rentrer à la Sorbonne par la rue de Vaugirard. TI 60 : Non, ce n’est pas possible. Vous dites à M. Campinchi que la Sorbonne est fermée. La manifestation, il l’a organisée, il en a vu les conséquences, alors vous lui demandez d’en tirer les conclusions et de bien vouloir inviter, à partir de maintenant, aux gens qui le suivent, de bien vouloir se disperser. »
À 23 h 01 :
« TI 60 : Vous leur préciserez que de toute manière ils ne pénétreront pas sur le quartier latin, nous avons les moyens de les en empêcher, alors qu’ils fassent preuve d’un peu de bonne volonté. »
Le 5 décembre 1986 :
« De cette journée brouillonne émergent toutefois trois temps forts :
— la recherche du « deuxième souffle » par la Coordination nationale (…)
— la surprise de l’évacuation paisible de la Sorbonne, alors que les souvenirs de mai 68 rôdaient encore autour de ce véritable symbole de la lutte étudiante (…). Si paisible cette évacuation que le souvenir en est déjà à peu près disparu. (…) Et pourtant “l’occupation de la Sorbonne” recelait une charge émotive considérable. (…) (à 17 h 55 encore) aucun incident n’est à signaler. Du moins d’incident grave : un feu est bien allumé place Saint-Michel, au retour, mais il ne crée aucune tension notable. “Les manifestants ne savent pas ce qu’ils veulent faire” indiquent les bandes radio à 17 h 53. Quarante minutes plus tard, certains ont trouvé l’objectif : ils enfoncent les portes et pénètrent dans la Sorbonne. Peu après 20 heures, les choses se gâtent encore : à 20 heures 16, la circulation est interrompue boulevard Saint-Michel à hauteur de la Sorbonne par 350 manifestants qui ont allumé un feu sur toute la largeur du boulevard. Les sapeurs-pompiers se voient interdire toute approche de l’incendie et doivent rentrer à leur caserne. Un groupe de 150 individus, casqués et équipés de boulons, est signalé à la Salle de Commandement, qui répond : “Reçu, je vois dans quelles conditions nous pouvons intervenir… mais je crois qu’il va falloir le faire et ne pas laisser se pourrir cette situation. (…) »
Flash-back :
« À 18 h 20, la tête du cortège se trouve à nouveau sur le boulevard Saint-Michel, et des “organisateurs” lancent des mots d’ordre par mégaphone invitant tous les jeunes à un sit-in. Vingt minutes plus tard, les portes de la Sorbonne sont enfoncées et une bonne partie des 2 500 manifestants qui se trouvaient aux alentours y pénètrent, non sans avoir molesté au passage les vigiles. La situation n’est pas simple pour les forces de l’ordre : le ministre de l’Éducation nationale doit parler dans un peu plus d’une heure. Pas question d’une opération précipitée. D’ailleurs trois obstacles de taille empêchent même de l’envisager : le premier tient à la configuration des locaux qui impose une manœuvre particulièrement réfléchie et menée par des hommes connaissant bien les lieux : cela demande du temps ; le deuxième tient à la situation juridique de l’amphithéâtre Richelieu, qui est occupé : la police ne peut intervenir que sur réquisition du recteur de Paris ; le troisième concerne la situation aux alentours de la Sorbonne : elle se dégrade d’heure en heure et des groupes circulent qui manifestement “cherchent le contact”… Bref, les forces de l’ordre n’ont pas le choix : il faut attendre. Attente qui se révèle bénéfique : peu à peu, des groupes quittent la Sorbonne. À 22 heures, il ne reste qu’environ 400 personnes dans l’amphithéâtre Richelieu. Le recteur poursuit vainement ses tentatives de dialogue avec eux : les interlocuteurs changent sans cesse et la proportion d’étudiants parmi les occupants diminue toujours plus… mais ceux qui restent semblent décidés à passer la nuit sur place. Le risque d’un abcès de fixation en plein quartier latin se précise : il faut agir. (…) Pendant près de deux longues heures, ce round d’observation va se poursuivre entre professionnels si l’on peut s’exprimer ainsi, le monde étudiant paraissant de plus en plus étranger à ce qui se passe. Il y a même un aspect très “soixante-huitard” dans tout cela. (…) Chose curieuse, pendant près d’une heure, il semble qu’il ne se soit plus passé grand chose dans la rue, tout le souci de la salle de commandement se reportant sur l’évacuation de la Sorbonne. (…) La manœuvre se déroule en trois temps :
— Vers 22 heures 30, le Recteur fait savoir aux responsables des forces de l’ordre qu’elle est prête à signer la réquisition nécessaire. Une CRS, sous l’autorité d’un commissaire, excellent connaisseur des locaux, se tient en position d’attente aux alentours de la Sorbonne.
— Vers une heure du matin, le document écrit de réquisition est remis au commissaire. À 1 h 08, l’ordre en étant donné par la Salle de Commandement, la CRS pénètre dans l’enceinte de la Sorbonne. Divisée en deux groupes, accompagnée de fonctionnaires habitués aux lieux, elle progresse sans autre résistance qu’un léger barrage de meubles… Le commissaire ceint son écharpe tricolore et invite les occupants à sortir des locaux, précisant que s’ils obtempèrent sans difficulté, aucune interpellation n’aura lieu.
— À 1 heure 28, la Sorbonne est libérée… sans aucune résistance.
Détail : quelques occupants sortent en levant les bras en l’air, geste de reddition par excellence après un combat farouche et désespéré qui n’existe que dans leur esprit. Peut-être ont-ils remarqué la présence de caméras de télévision et de journalistes ? (…) Mais l’évacuation paisible de la Sorbonne ne résoud pas les événements de la rue. Il faut d’une part empêcher un retour toujours envisageable des occupants et d’autre part disperser les groupes que l’on a déjà vus à l’œuvre bien que les plus grands dangers semblent maintenant écartés. (…) La mort de Malik Oussekine ne sera connue que tardivement par les autorités de police et les responsables du Gouvernement. Lorsqu’au tout début de la journée du 6 décembre, M. Paolini, Préfet de police est informé que la Sorbonne est évacuée et que seuls quelques groupuscules vont et viennent, il est rassuré et se retire. (…) Un sentiment prédomine alors chez les responsables de l’opération, ceux qui l’ont ordonnée comme ceux qui l’ont exécutée : le soulagement. Tout était possible, et tout s’est bien passé. 68, c’est bel et bien fini. »
Étudiants, police, presse, pouvoir - enquête de la commission sénatoriale sur les manifestations étudiantes (novembre et décembre 1986), publié par Hachette en juin 1987 (passim).
ù Venons-en aux faits. Lors des grèves de l’hiver 1986-87, quelques personnes se regroupèrent de façon éphémère pour faire ce qui se pourrait au cours du mouvement inattendu des lycéens et des cheminots (lequel inquiéta beaucoup le gouvernement, et retentit en Espagne et en Chine) : par des tracts, par l’impulsion d’actions pratiques, en prenant part aux assemblées de cheminots. Participant à ce titre à l’occupation de la Sorbonne, elles firent savoir ce qui s’y était passé par un tract diffusé le lendemain, notamment que l’assemblée improvisée avait « appelé tous les travailleurs de France à se solidariser avec les lycéens et étudiants en lutte. (…) Dans la mesure où cet appel a été évidemment censuré par l’ensemble des médias, nous demandons à tous les camarades concernés de s’en faire l’écho par tous les moyens. » C’est sur cela que s’acharna la « critique ». Or « l’analyse critique n’est pas seulement une vérification des moyens réellement mis en œuvre, mais celle de tous les moyens possibles, qu’il faut donc désigner, autrement dit inventer : on ne peut évidemment jamais critiquer un moyen sans en indiquer un autre, dont on serait en mesure de prouver la supériorité » (Clausewitz, De la guerre) : voilà qui suffit à renvoyer à leur néant stérile les critiques négatives qui cherchent leur positivité dans la passivité.
Comme l’indique très clairement l’Enquête parlementaire, la seule chose redoutée par le pouvoir était que ce mouvement, monomaniaquement ambulatoire, en arrivât à se fixer, même minoritairement, quelque part. Car en ouvrant une brèche dans cette succession de défilés, et en créant un lieu où l’appartenance à la masse des scolarisés n’était plus impérarive pour que l’on pût prendre la parole, bref en se livrant à une véritable occupation, dans un site approprié, pour une fois sans l’accord des recteurs et sans la surveillance des maîtres-chiens, on obtenait de la sorte le premier élément nécessaire à une généralisation sauvage : un lieu de rencontre libre et incontrôlé.
Mais, pour y parvenir, encore fallait-il l’essayer. Trouvera-t-on que ceux qui défendirent ce qui s’était ainsi esquissé, et qui rôdait d’ailleurs depuis deux jours dans la tête des manifestants, comme le démontre l’enquête sénatoriale, avaient « renoncé à faire usage de bon sens dans cette affaire », selon l’expression comique d’un membre de l’Encyclopédie des Nuisances ? Peut-on critiquer cet appel à la solidarité, et se taire respectueusement sur ceux qui émanèrent, à peu près en même temps, des assemblées d’apprentis-bureaucrates ? Peut-on écrire qu’il « vaut mieux tenter ce que l’on aperçoit comme possibilité, si l’on n’en voit pas d’autre, plutôt que de ne rien faire », et se replonger en dépit d’une telle évidence dans les arcanes nauséabonds de syllogismes démoralisateurs et jésuitiques ? Eh bien, certains le peuvent.
Informés de notre rupture immédiate avec l’auteur de Décembre 86 (selon la bonne vieille formule « il vaut mieux changer d’amis que d’idées » — Potlatch), les encyclopédistes s’en étonnèrent, semblant penser que nous ne reconnaissions plus les anciennes qualités de cet ami commun, alors que nous venions simplement de lui découvrir un grave défaut, très inattendu ; ils trouvaient que les écœurants passages incriminés, reproduits en exergue, n’étaient que la formulation-quelque-peu-forcée-d’un-détail-sans-importance-quoique-fondamentalement-juste. En guise de nuance finale, on nous opposa que ce brave garçon, qui n’était donc coupable de rien, avait néanmoins sévi en « individu autonome ». Cette prudence passait sans doute pour utile, quoique nous sussions fort bien que cette personne écrivait dans l’Encyclopédie des Nuisances, et qu’elle en fréquentait assidûment plusieurs membres.
Nous n’étions donc pas, il faut bien l’admettre, un interlocuteur assez sensibilisé à cette encyclopédie des nuances.
On nous reprocha en cours de route ce crime majeur de n’avoir pas, vis-à-vis d’un encyclopédiste plus célèbre que les autres, respecté l’avis de quelqu’un qui « s’est acquis par son activité quelques droits à le voir pris en considération sur ce terrain »1 ; et ce reproche, pour comble, provenait d’un encyclopédiste qui fit pourtant partie, dans sa jeunesse, d’une Internationale qui excluait ses membres pour des fautes plus subtiles que d’aller cracher sur des occupants de la Sorbonne, ou sur des barricadiers. Est-ce en réponse à d’encombrantes problématiques de cette espèce que l’Encyclopédie des Nuisances déclare à présent : « c’est pourquoi, nous qui étions si peu faits pour avoir le sens de la mesure, nous avons dû l’acquérir aussi » (EdN n° 11) ? À moins qu’il faille y voir une réponse discrète à ceux qui écrivent que la sagesse ne viendra jamais ? Qu’on se rassure : ici, elle est venue, et elle a pris ses quartiers.
L’affaire fut publiquement digérée par la théorie encyclicopédiste sur le mode suivant (cf. EdN n° 11, page 266) : « Rien ne doit nous distraire de notre activité centrale, et surtout pas les questions de personnes, étant entendu qu’en matière de divergences nous ne voulons rien considérer qui soit en-deçà de la formulation argumentée. Ce ne sont jamais le débat critique et la polémique de bonne foi qui ont affaibli le mouvement révolutionnaire, mais au contraire les discussions qui n’ont pas eu lieu, qui ont été remplacées par des procédures organisationnelles et des imputations calomnieuses. Il faut d’autant moins jouer avec l’argument ad hominem que celui-ci a plus d’usage dans le règlement des comptes avec tous les profiteurs de la décomposition. »
Voici à tout le moins une singulière et bien grotesque épure du conflit qui s’était réellement produit. Pour que cette « discussion » ait lieu, il eut fallu d’abord entériner pour fondement le caractère discutable des détractions intéressées d’un donneur de leçons ? Quelle bouffonnerie ! Des « imputations calomnieuses » ? Mais ce sont celles d’un bureaucrate sur des émeutiers ! Une « formulation argumentée » ? Il faudrait plutôt écrire argumentiste : sans portée. Eut-il fallu tolérer tout cela afin d’acheter, en quelque sorte, par une si misérable mise de fond, le droit de « discuter »… en rond ? Eut-il fallu, par une « discussion », cautionner que les inepties que nous venons de citer puissent être travesties en rudiments d’une théorie d’avenir ? Que ceux qui se sentent l’envie de « discuter » dans ces conditions le fassent : pour nous, une telle « discussion » ne serait plus qu’un passe-temps, trempé de fausses prétentions. Aussi, laissons à leur littérature ceux pour qui prime sur tout l’importante « activité centrale » en regard de quoi le reste n’est que broutilles — une activité centrale qui ne peut rien être d’autre, après une telle vérification expérimentale, que la simple rédaction de l’Encyclopédie des Nuisances ; car c’est bien animé par un fétichisme de cette nature que l’on peut en arriver à proscrire, dans une indignation à peine voilée, les redoutables « procédures organisationnelles » d’une autre époque, et d’une autre revue : puisqu’il faut bien comprendre qu’il s’agit ici d’éviter des exclusions. Il faut décidément se sentir bien à l’aise, au milieu du silence organisationnel qui a succédé en France à l’Internationale situationniste, pour légiférer du fond d’une si vacillante mémoire, avec un aplomb aussi extraordinaire, sur la vieille technique de l’exclusion, qui serait bonne à jeter, ou sur la critique ad hominem, qui serait biodégradable en milieu radical. Ces armes, que l’I.S. et d’autres organisations s’étaient données contre le ramollissement routinier et les comportements incompatibles avec les prétentions radicales d’un groupe, ne seraient plus d’actualité : tout au plus pourrait-on les utiliser à l’encontre d’un « camp adverse » clairement délimité d’avance. Nous voici revenus non seulement en-deçà de l’I.S., mais en-deçà de l’époque de Rosa Luxembourg, puisqu’il faudrait ignorer que l’expression organisationnelle de la théorie révolutionnaire se fige immanquablement en parti des propriétaires de la vérité critique quand elle se claquemure à l’abri de la nécessité d’intervenir dans la réalité, d’intervenir par rapport à elle-même, et de théoriser son action. Il s’agirait, si nous comprenons bien, de réserver ces traitements infâmants à Pascal Bruckner ou à Bruno Étienne, à André Glucksmann ou à Jacques Heers, c’est-à-dire à des positions standardisées au sein de la bêtise dominante, illusoirement individualisables, et ne jamais l’appliquer à des personnes qui constituent indéniablement dans le milieu critique des avatars individuels qu’il faut à ce titre distinguer du reste ? Mais, au-delà de toute subtilité discursive, ce n’est ici qu’un esprit de corps qui rejette avec effroi la simple idée de ce qui, en d’autres temps, empêchait sa formation ou du moins son maintien.
* Tout le monde commençait à être déçu en remarquant que l’EdN, après un très brillant départ, tourne visiblement en rond depuis quelques numéros ; ne montrait pas clairement à quoi elle voulait en venir ; et semblait même assez peu préoccupée de savoir où sa répétition circulaire du blâme généralisé, que certes l’époque mérite, pouvait bien mener. On vient de voir pourquoi, en découvrant la manière dont elle envisage la moindre intervention dans la pratique. L’occasion lui fut donnée par le mouvement des lycéens en novembre-décembre [19]86, et son jugement subséquent, étrangement passionné, d’un détail de ces troubles.
Ce ne sont là, en effet, que les implications pratiques des mécanismes exposés dans le n° 7 de cette revue (page IV — Pourquoi je prends la direction de l’Encyclopédie des Nuisances, par Jaime Semprun). Dans cette déclaration, on apprenait que son auteur prenait la direction parce qu’il fallait « que quelqu’un ait clairement la responsabilité de la rédaction » (jusqu’au numéro 6 inclus, la place était donc vacante sous le nom de François Martin, qui n’était personne, et ne détenait cette responsabilité qu’obscurément) ; que le « quasi-anonymat que nous avions initialement adopté risque de nous desservir bien plus qu’il ne nous sert » (une revue faite d’articles anonymes, dirigée par F. Martin, cesse d’être « quasi-anonyme » en devenant une revue faite d’articles anonymes, dirigée par J. Semprun : voilà encore des nuances qui menacent fort de dépasser le malheureux lecteur) ; qu’il « ne faut pas qu’une espèce de clandestinité sans objet empêche chacun d’affirmer clairement sa responsabilité » (cela par des articles toujours anonymes, et dont l’ordre de succession et le style résistent naturellement en soi — est-ce une coïncidence ? — à l’affirmation de tendances collectives ou individuelles, de recherches personnelles, de discussions internes, de dissensions devenues conscientes, d’expérimentations pratiques ou d’agitation dans tel ou tel domaine) ; que le comité de rédaction est constitué par le groupe des fondateurs, qu’un réseau de collaborateurs, informel mais étendu, fournit des articles réécrits dans leur totalité par le directeur de la revue, à qui il ne paraissait « pas souhaitable pour l’instant d’augmenter le nombre des participants directs » (une expression nuancée qui désigne vraisemblablement ceux qui bénéficient d’un statut de membre et qui ont voix au chapitre).
Lorsque Breton écrivit, en 1925, Pourquoi je prends la direction de la Révolution surréaliste, succédant ainsi à Péret et Naville, il se plaçait à la tête d’un groupe d’amis et de collaborateurs qui tous signaient leurs contributions, donnant jour aux divergences qui cohabitèrent assez fructueusement un certain temps : « la contradiction n’est pas là pour nous effrayer. On s’est sans doute un peu hâté de décréter que toute licence devait être donnée à la spontanéité, ou qu’il fallait se laisser aller à la grâce des événements, ou qu’on n’avait chance d’intimider le monde qu’à coups de sommations brutales. Chacune de ces conceptions, primant tour à tour, a eu pour effet de nous dérober le bien fondé originel de la cause surréaliste et de nous inspirer d’elle un regrettable détachement. » Breton reprenait la barre pour conserver autant que possible, par un recentrage sur l’essentiel, l’unité de la revue, tout en laissant vivre les tendances existantes sous la forme d’une responsabilité personnelle de chacun. La prise de direction à l’Encyclopédie ne peut guère revendiquer les mêmes circonstances. Il n’y eut qu’à traduire en signature unique, formellement, le pouvoir unique déjà concrétisé par le rewriting de l’ensemble. Le style était la revue même, et réciproquement — pour le plus grand bonheur des lecteurs que ce groupe recherche, qui n’est que le vieux public des pro-situs, ses commensaux depuis toujours, et à qui il se propose simplement de jouer une musique qu’il affectionne : le nombre fantastique de phrases plagiées dans la revue en fait bien justement l’anthologie, sur ce point vraiment extrémiste, de ce style.
Cette Encyclopédie n’est évidemment rien d’autre qu’une entreprise littéraire ; il s’agit de traiter, aussi longuement que cette monotonie pourra être maintenue, un thème effectivement assez riche : la misère multiforme de l’époque ; en se plaçant naturellement, et par postulat, au-dessus. C’est son seul but. Les subtilités organisationnelles traduisent ce but, et le font même assez fidèlement.
Nous fûmes, au cours des épisodes nous concernant, renvoyés à une telle toile de fond, du jour où nous reçûmes cette lettre signée « pour les Encyclopédistes ». Nous constatâmes que nous connaissions des personnes écrivant dans cette revue, dont aucune n’avait été avisée au préalable de cette lettre collective, et encore moins du casus belli ; ni ne le fût même après coup. C’est donc que nous ne connaissions que des collaborateurs inférieurs, une valetaille sans prérogative ni devoir, ne bénéficiant d’aucun statut. L’auteur de Décembre 86, déjà, était devenu un « individu autonome » à ce titre. Aucune des fautes commises par l’un ou l’autre des collaborateurs free lance ne peut donc être opposée à leur employeur à temps partiel, qui peut toujours désavouer du bout des lèvres. Cet aspect de manœuvre secrète cohabite avec une tournure que l’on pourrait appeler « La Pensée Universelle de la Nuisance », où tout le monde en somme peut payer pour faire imprimer son œuvrette (ou même pour être dispensé de cette fatigue en adhérant tout de même au mystérieux club encyclopédiste, comme membre bienfaiteur). La duplicité organisationnelle destinée à mettre à l’abri des vicissitudes les encyclopédistes possédants se prolonge tout naturellement à l’extérieur de la revue, quand il s’agit de s’entourer, toujours sans risque, au prix de doubles appartenances et de contacts discrets à sens unique, d’un Comité Irradiés de tous les pays unissons-nous : tous les nuisants peuvent être irradiés, mais tous les irradiés ne peuvent être nuisants. Voici un statut de sans-statut, une antichambre déléguée aux épreuves de la réalité.
On peut ainsi identifier l’EdN aux pires tactiques du groupe surréaliste : jusque sur le terrain des galeries de tableaux, lorsqu’elle apparaît comme tentative ultime de sauvetage de la littérature. Mais aussi sur un terrain plus politicien : cette autre tentative — jusqu’ici avortée, l’EdN n’ayant rassemblé que l’ensemble de ses « fans » — pour regrouper des antinucléaires, la vieille « gauche antinucléaire » étant, heureusement, anéantie, ressemble à l’intervention des surréalistes dans l’anti-fascisme en 1934 (« Contre-Attaque »), qui fut à l’origine du malheureux Front Populaire.
Rétrospectivement, cela permet de mieux comprendre pourquoi un groupe radical en arrive à cautionner ce qui devrait lui faire horreur. En effet, par Décembre 86 interposé, l’EdN a fait fondamentalement comme les journalistes du moment : flatter les lycéens (en les appelant du reste étudiants) pour tout ce qu’ils n’ont pas su et tout ce qu’ils n’ont pas fait ; bref, pour n’être pas tombés dans l’erreur « archaïque » de vouloir recommencer [19]68 (que d’ailleurs ils ignorent, alors que l’EdN connaît par cœur). Si le mouvement de [19]68 avait réussi, il n’y aurait pas eu de place pour l’EdN (terrible impression de menace rétrospective pour des « écrivains », qui là-dessus se sentent donc quelque peu versaillais). Et si [19]68 était seulement un peu mieux connu par les jeunes rebelles, il n’y aurait pas de place non plus pour les discours de l’EdN, qui n’envisagent en rien un nouveau départ de la révolution, mais qui ne sont que des critiques abstraites de la Restauration, fort modernisée dans l’accumulation des procédés répressifs, mais nullement nouvelle en théorie, d’après [19]68. L’EdN se veut — était effectivement jusqu’ici — propriétaire de la sous-critique d’une telle époque de Restauration. Au sens politique de ce mot, les encyclopédistes sont des libéraux indignés, qui font semblant de découvrir des excès inattendus et inouïs. C’est du même coup une encyclopédie où il n’y a pas une idée critique nouvelle. Elle prononce à répétition sur tous les aspects de la société actuelle — avec raison d’ailleurs, mais aussi bien avec beaucoup de facilité — la même condamnation. Quant aux polémiques individuelles, s’il est vrai que c’est véritablement une nouveauté de les voir maintenant fulminées pour insulter directement des émeutiers (par entraînement sans doute du style de l’autorité), elles sont le plus souvent consacrées à se démarquer de ridicules cadavres « médiatiques », toujours les mêmes : en somme, à retuer des rivaux plus connus, mais aussi bien plus discrédités, dans la « représentation » de l’époque.
Cette entreprise littéraire, qui a incontestablement du talent, quoique très lourdement répétitif, dans le blâme continuel et justifié de la société présente, vue de haut, en a beaucoup moins quand elle écrit sur un sujet qui la concerne de près : voir le ton maladroitement jésuitique et pleinement ridicule des tentatives de justification que nous avons citées. Au pied du mur de la pratique, même s’il s’agit d’une pratique aussi vulgaire, le réel gêne, le talent n’est plus là. Nul doute que parmi ceux que le bluff était en passe de duper, beaucoup vont perdre leurs illusions d’un seul coup, rien que pour la maladresse avec laquelle ces gens se sont mis à « parler franchement ».
Le but est principalement de détenir une puissance dans l’opinion, — dont on fera usage… — et ceci en se démarquant systématiquement de toutes les autres puissances, plus médiatiques, de l’actualité. Sévères pour ceux qui ne veulent même pas les connaître, ils deviennent très indulgents pour n’importe laquelle de leurs pauvres fréquentations. Avant même d’être arrivés à la moindre puissance, ils emploient imprudemment — énonçant après mûre réflexion la vérité officielle adoptée par un Concile inconnu, ou par quelque loyalisme à on ne sait quelle dynastie ? — le ton de la puissance et de l’autorité. Mais qui les leur reconnaît ? Les idées qu’ils ont prises ailleurs, ils ne les pratiquent pas. Et la pratique qui permet de les créer, ils n’en ont pas idée. Il leur reste à affirmer un titre de propriété lexicale : on n’a pas le droit de traiter de maspérisateur quelqu’un qui remplace d’authentiques documents par des pièces attribuées de façon fantaisiste — cette pratique de l’auteur de Décembre 86 se trouve de la sorte couverte, et même justifiée.
Lorsque l’EdN considère la théorisation séparée comme étant la seule vraiment révolutionnaire, l’intervention pratique n’est plus saisie et fixée que sous sa forme vulgaire et avant-gardiste d’activisme ; car elle ne comprend plus la signification de l’activité révolutionnaire, critico-pratique. Ce qui se présente comme « la tentative intellectuelle la plus importante de cette fin de siècle » ne sera alors que cela : une tentative intellectuelle, une prouesse étrange dans un genre impossible. En scindant théorie et pratique (jusque dans sa théorie, et jusque dans ses polémiques), elle oublie simplement qu’aucune idée ne peut mener au-delà du spectacle existant, mais seulement au-delà des idées existantes sur le spectacle ; et que la théorie critique n’est vraie qu’en s’unifiant activement au courant pratique de la négation dans la société. Lorsqu’une forme de pratique surgit face à cette sphère de la théorie autonomisée, elle ne peut plus être saisie rationnellement ; elle ne peut plus qu’être diffamée, car cette théorie ne lui avait ménagé aucune place en elle-même. Jusqu’ici, l’EdN était à elle-même son propre but : sa plus grande, mais néanmoins amère victoire, était sa propre existence sans actes, où les Nuisances ne nuisaient qu’à elles-mêmes. C’est cette essence même de l’EdN, sa réalisation littéraire comme fin séparée du mouvement réel, qui est maintenant devenue visible, en la menant à se déterminer ouvertement contre ce mouvement. Après avoir craché sur les rebelles, elle peut être désormais assurée que la prochaine révolte ne se fera pas seulement sans elle, mais aussi contre elle. Toute l’eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuelle.
Septembre 1987.
ù ANNEXE Encyclopédie des Nuisances
à Jean-Pierre BaudetParis, le 30 mai 1987
CAMARADE,
Nous avons pris note de ta lettre à Jaime [Semprun] du 5 avril. Quoique nous ayons bien d’autres choses à faire, elle appelle de notre part quelques rectifications, les plus concises possibles. Nous te répondrons donc point par point.
Les remerciements étaient inutiles. En revanche, il est « utile », « opportun » et même simplement honorable de ne pas se dérober quand on a violemment attaqué quelqu’un au nom des meilleurs principes révolutionnaires, en lui appliquant des épithètes infâmantes ; et que cette prise de position se trouve critiquée sérieusement et précisément par quelqu’un qui se réclame des mêmes principes, et s’est acquis par son activité quelques droits à voir son avis pris en considération sur ce terrain.
Pour n’importe quel individu sensé, et qui n’a pas renoncé à faire usage de son bon sens dans cette affaire, la lettre que Jaime t’a envoyée le 2 mars (lettre que nous approuvons — en aurais-tu douté ? — dans sa totalité) montre de la façon la plus claire qu’il n’avait aucunement « décidé de cautionner l’ensemble du texte de Guy Fargette ». Tout d’abord parce qu’il n’avait pas, auprès de qui que ce soit, à « cautionner » un texte publié de façon autonome par un individu autonome, ensuite parce que cette lettre avait justement pour but de te faire connaître, sur tous les points concernés, la position distincte qui est la nôtre, avec ses importantes nuances qui apparaissent aussi bien dans le numéro 10 de l’EdN.
Après cela tu veux croire qu’il te suffît pour faire, dans ta dérobade, bonne figure (mais auprès de qui ?) de traiter de maspérisateur quelqu’un qui, après s’être trompé dans l’attribution d’un texte, reconnaît aussitôt son erreur et rectifie auprès de toutes les personnes concernées. Nous savons fort bien ce qu’est un maspérisateur, et nous refusons la nouvelle définition que tu en donnes. Nous trouvons même « sincèrement déplorable » de te voir utiliser l’arme de la calomnie, dont tu sais quels ravages elle a faits dans l’histoire du mouvement révolutionnaire.
En outre, la lettre de Jaime t’a été envoyée avant cette prétendue « maspérisation », et tu ne peux de toute façon en tirer argument pour justifier ton refus de répondre sur le fond. Il ne te reste donc que la « fargettisation », mais là c’est à nouveau le texte de Fargette, dans son ensemble et dans ses détails, qui est en question. Tu juges donc inutile de répondre aux critiques concernant la manière dont tu l’as attaqué, parce que tu as déjà fourni tes raisons en l’attaquant, et que tu « ne crois pas avoir à (les) faire suivre de meilleures ». Nous te laissons le genre d’assurance à bon compte que te procure cette manière de t’en tenir aux raisons les moins bonnes : elle ne te mènera pas plus loin que l’usage des anathèmes stéréotypés. Le « besoin » que tu aurais pu reconnaître là n’est pas mesurable aux exigences d’un « public » que par ailleurs nous ne sommes pas. C’est le besoin d’honnêteté et de clarté que chacun fait sien plus ou moins : et après cela il a le public qu’il mérite.
Enfin tu insinues hardiment que nous serions de quelque façon responsables par avance des positions de ceux qui pourraient « se sentir soutenus » par nous. Avec une telle extension de la notion de responsabilité, il est en effet assez aisé de nous blâmer pour tout ce qui « la prochaine fois » pourrait être blâmable, ou te le paraître : toi qui parles de juridictions d’exceptions, tu aurais pu reconnaître là un de leurs procédés favoris. Mais chacun est seulement responsable de ce qu’il fait lui-même, et certainement pas de l’influence que cela peut avoir, de la manière dont d’autres se l’approprient, etc. C’est bien connu, ou du moins ou pouvait espérer que ça l’était.
Étant donné tout ce qui précède, nous ne voyons plus à préciser que ceci : nous nous étonnons que tu aies jugé « utile » et « opportun » de donner du « Cher Jaime » et du « cordialement » à quelqu’un qui, selon toi, cautionnerait un maspérisateur.
Bien sincèrement,
Pour les Encyclopédistes : CHRISTIAN SÉBASTIANI
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