Justifications Guy Debord, septembre 1994 Guy Debord, Des Contrats. Le temps qu’il fait, Cognac, février 1995 RIEN N’EST ÉGAL dans de tels contrats ; et c’est justement cette forme spéciale qui les rend si honorables. Ils ont choisi en tout leur préférence. Tous sont faits pour inspirer confiance d’un seul côté : celui qui pouvait seul avoir mérité l’admiration.
L’artiste n’avait, en aucun cas, à expliquer comment il choisirait de s’y prendre pour venir à bout d’une sorte d’exploit apparemment insoluble, et qui ne pourrait donc qu’étonner. Annoncer véridiquement le titre d’un ouvrage, dont personne ne sera capable même d’imaginer le traitement, est la plus grande concession qui pouvait être consentie. Et une semblable information, par la suite, sera d’ailleurs avantageusement supprimée. Enfin, plus parfaitement négatif encore, un troisième film a été choisi d’avance pour ne même pas être finalement réalisé ; et son programme devra se révéler exemplairement ironique. Tous ces contrats, en outre, n’auront pas manqué d’être assez bien calculés pour satisfaire à ce qu’il y a de luxueux dans quelques-uns de mes besoins, en restant incontrôlables à tous les points de vue ; ni sans avoir jamais révélé rien de trop, fût-ce implicitement. Sólo vivimos dos días (« Nous n’avons que deux jours à vivre »). C’est un principe naturellement peu favorable à la spéculation financière.
Un nommé Boggio, du Monde, qui voulait exposer, de la manière la plus instructive possible, l’assassinat de Lebovici, relevait que ce producteur s’était progressivement « éloigné de la norme socialement acceptée par son milieu professionnel ». On peut bien dire aussi qu’il s’en était fait gloire.
Septembre 1994
GUY DEBORD